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Reconstruction identitaire au retour

Dernière mise à jour : 19 janv. 2023


LORS DU RETOUR EN FRANCE APRÈS UNE LONGUE PÉRIODE À L’ÉTRANGER, IL EST PARFOIS NÉCESSAIRE DE CONSIDÉRER UNE RECONSTRUCTION IDENTITAIRE…COMMENT L’ABORDER EN COACHING ?


L’identité en perpétuelle construction

À la lecture des différents mouvements des sciences sociales, on prend conscience que chaque discipline entretient un lien particulier avec la notion d’identité, ce qui rend extrêmement complexe d’en donner une seule et unique définition. Cette complexité est mise en exergue dans L’identité, dictionnaire encyclopédique , dans lequel pas moins de 120 experts ont contribué au travail de réflexion sur la notion d’identité, et le comité scientifique en charge de la publication a conclu ainsi :

« On ne peut penser l’identité à travers un seul prisme, une seule pensée, un seul regard disciplinaire. Définir et comprendre l’identité, nos identités, nécessite de faire des ponts entre différents domaines, et peut-être aussi de voir leurs incompatibilités ou incohérences. » (GAYON et al., 2020)

Si les nombreux travaux de réflexion interdisciplinaire ne permettent pas de s’accorder sur une définition stricte de l’identité, l’identité reste néanmoins un système de processus internes éminemment évolutif, en perpétuelle construction. Tout au long de sa vie, un individu est amené à faire des choix, et est confronté à des événements plus ou moins majeurs qui vont contribuer à sa construction identitaire. Certains événements majeurs ou transitions de vie vont nécessiter des réajustements nécessaires. Le départ en expatriation en est un, le retour aussi.


On parle alors de reconstruction identitaire.


Comment se manifeste-t-elle, lors du retour en France après une longue période à l’étranger ?


Les impatriés en quête de repositionnement culturel

De la même manière qu’une marque adopte un positionnement en marketing, c’est-à-dire détermine sa place dans l’esprit des consommateurs, l’individu adopte lui aussi son propre positionnement. La notion de positionnement culturel se définit comme le rapport que le sujet entretient avec son identité culturelle actuelle. Selon Guénéchault, il existe trois rapports à la culture :

  • Appartenir, on appartient à une culture.

  • Se réclamer, on peut revendiquer l’appartenance à une culture.

  • Être référé, l’autre peut nous attribuer une culture.


Cette vision suppose que l’on peut choisir ou subir un positionnement. Si la construction identitaire est un processus continu et perpétuel, le choix d’un positionnement culturel peut plus aisément être accompagné lors d’un processus de coaching, qui a une durée limitée.


Les stratégies d'acculturation de Berry

Le choix personnel reste un élément clé d’adaptation. Les modèles classiques, courbe en U et courbe en W, présentées dans un précédent article, sont à utiliser avec précaution. Ces courbes permettent en effet d’identifier les phases que traversent un individu et sont encore largement utilisées en management interculturel, elles restent néanmoins une approche linéaire pour le moins réductrice du phénomène de stress vécu par l’individu.

John W. Berry, psychologue social canadien, a d’ailleurs proposé un modèle bidimensionnel pour illustrer le processus d’acculturation personnel. Il considère que l’individu doit faire un choix entre, d’une part le maintien de son héritage culturel et de son identité, et, d’autre part la recherche d’échanges et de relations avec la culture d’accueil. Quatre stratégies d’acculturation découlent de ce raisonnement :

  • L’assimilation consiste à adopter des éléments de la culture d’accueil et s’éloigner de ceux de sa culture d’origine

  • L’intégration consiste à maintenir les éléments de sa culture d’origine tout en empruntant certains codes à la culture d’accueil.

  • La séparation consiste à conserver son héritage culturel intact et à éviter tout échange avec la culture d’accueil.

  • La marginalisation consiste à s’éloigner à la fois de sa culture d’origine et de sa culture d’accueil en n’établissant aucune relation.

Ces stratégies d’adaptation culturelle mettent en évidence le fait que l’individu reste maître de son intégration et par analogie, sera responsable de sa réadaptation au retour. Il s’agit d’un choix que fait l’individu, plus ou moins consciemment. Il est pertinent pour le coach de savoir reconnaître les stratégies mises en place par les clients pour les accompagner dans leurs ajustements identitaires et trouver ainsi les comportements les plus adaptés à mettre en œuvre en autonomie.


Le stress comme levier de développement personnel

Pour aller plus loin, Dr. Young Yun Kim propose une version affinée de l’adaptation culturelle, en y corrélant le niveau de stress. Ce modèle définit un processus d’adaptation à une nouvelle culture succédant à une phase de déculturation.


Ce processus, illustré par un ressort présente un niveau de stress fluctuant par lequel va passer l’individu de façon répétée au fur et à mesure qu’il va mettre en pratique des nouveaux comportements en situation.




Selon ce modèle, lors du processus d’acculturation, l’individu passe par de nouveaux apprentissages. Une certaine déculturation se produit, forçant l’individu à désapprendre ces anciens codes de fonctionnement. La corrélation du stress et du niveau d’adaptation va, produire de multiples opportunités de développement personnel pour l’individu. L’acculturation est donc un apprentissage permanent et continu, propulsé par le stress.


Le colimaçon de l'impatriation

Afin de faciliter l’identification de la phase dans laquelle se trouve l’impatrié, il apparaît indispensable de se détacher des modèles linéaires en considérant la perception temporelle personnelle de l’individu. De nombreux témoignages font référence à cette sensation de retour en arrière (« j’ai l’impression de tout recommencer à zéro »).

C’est pourquoi, j’ai envisagé un modèle graphique, inspiré des travaux de Kim mentionnés plus haut, mettant en corrélation cette perception du temps et le niveau de stress.




Cette représentation en forme de spirale est inspirée de l’image d’un escalier en colimaçon. Les fluctuations émotionnelles vécues au retour sont multiples et variées et cette illustration va faciliter l’évaluation de l’état émotionnel de la personne.


Cette illustration présente les étapes par lesquelles on peut passer, comme une navigation permanente entre satisfaction et stress. À tout moment, en coaching, on peut s’y référer et ainsi accompagner au plus près la personne dans les périodes de stress et de valoriser les efforts d’adaptation effectués tout au long de son processus d’intégration.


L’analyse des principes d’acculturation a mis en avant le stress comme levier de développement personnel. Et, à partir des modèles linéaires de transitions culturelles existants, je propose une nouvelle représentation graphique des phases de retour d’expatriation. Ce colimaçon de l’impatriation, peut être utilisé en outil de visualisation par les impatriés, ou comme grille de lecture pour le coach.



Chaque retour est unique et parfois, il est synonyme de reconstruction identitaire. À travers un coaching adapté, on peut accompagner un repositionnement culturel, parfois indispensable. Si tu souhaites travailler avec une coach certifiée pour aborder ton retour en France en toute sérénité, étape par étape, réserve une séance découverte gratuite.

Sources:

  • Gayon, J., Courtier, V., Nicoglou, A., Pontarotti, G., Troubé, S., Villa, F. and Weitzman, J. (2020). L’Identité : Dictionnaire Encyclopédique. Paris: Gallimard.

  • Guénéchault, F. (2010). L’anticipation Du Contact Culturel intraeuropéen. Étude Des Processus Psychiques À l’œuvre Dans l’anticipation Du Contact Culturel Chez Le Citoyen Français Dans Le Contexte De La Construction Européenne. [online] pp.174–178. Available at: https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00687299 [Accessed 9 May 2021].

  • Mokounkolo, R. and Pasquier, D. (2008). Stratégies d’acculturation : Cause Ou Effet Des Caractéristiques Psychosociales ? L’exemple De Migrants d’origine Algérienne. Les Cahiers Internationaux De Psychologie Sociale, Numéro 79(3), p.57.

  • Kuiper, A. (2017). Learning and Teaching Intercultural Communication; Challenging and Transforming Cultural Identities. [online] The University of Sydney. Available at: https://www.researchgate.net/publication/323392336 [Accessed 9 May 2021].

  • Kim, Y.Y. (2017). Stress–Adaptation–Growth Dynamic. The International Encyclopedia of Intercultural Communication, pp.1–6.


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